Le CNESER votre contre l’accréditation des Licences Professorat des écoles (LPE)
Le Conseil national de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (CNESER) du 9 décembre 2025 a largement voté contre l’accréditation des Licences Professorat des Ecoles :
Vote final : Contre 28 (dont FSU) ; Abstention 24 ; Pour 14.
Le Snesup considère que cette réforme se fait sans concertation réelle (les retours fait lors des nombreuses réunions de groupes de travail n’ont pas du tout été pris en compte), que les moyens sont insuffisants et conduisent entre autres à un maillage territorial insuffisant et à la mise en danger de sites départementaux ; l’impact sur les personnels n’est pas anticipé ; la reprise en main du ministère de l’éducation nationale et des rectorats est en contradiction le caractère universitaire des formations.
Quatre points pour illustrer :
- le Snesup avait demandé que le cadrage soit modifié pour rendre explicite la dimension universitaire des contenus (dimension didactique, apport des sciences « contributives » non enseignées à l’école). Dans le même ordre d’idée, nous avions demandé que soit clairement écrit que les « blocs de compétences » du cadrage n’ont pas à être transposés en UE dans les maquettes, parce que c’est aux équipes universitaires de concevoir les maquettes et qu’il y va du respect de la liberté académique. Or, on voit dans les dossiers que l’architecture retenue pour les maquettes LPE reprend très précisément les 4 blocs de compétences comme axes de structuration.
- Comme nous l’avons dit aussi dans les groupes de travail (GT), nous ne sommes pas convaincu.es de la plus-value de la licence professorat des écoles (LPE) par rapport à une licence pluridisciplinaire plus ouverte et mieux ancrée du point de vue universitaire. Il en existait déjà, qui permettent l’orientation vers le parcours professorat des écoles (PE) sans exclure d’autres débouchés (médiation culturelle par exemple mais pas seulement).
- Alors que nous soutenons le principe des équipes pluricatégorielles, nous restons également opposés à l’article 6 de l’arrêté, imposant que 50 % du volume des enseignements soit assuré par des personnels non universitaires (“personnels du premier et du second degrés exerçant leur activité professionnelle principale dans une école ou dans un établissement scolaire du second degré”). Cette injonction, cela a été dit déjà au CNESER, est une véritable provocation et une attaque violente contre la formation universitaire.
- Enfin, cette nouvelle formation se met en place à moyens constants ce qui, quelle que soit la bonne volonté des équipes, contraint différents aspects de la mise en oeuvre comme le maillage territorial (20% des départements n’auront pas de LPE), les moyens nécessaires pour faire vivre les équipes plurielles, les conditions d’études qui seront proposées… Cela se voit dans les dossiers LPE (cela se verra dans les dossiers MEE) même si ces questions de soutenabilité, qui ont été le maître mot des décisions locales, sont peu explicites dans les documents remontés au ministère.
Soulignons enfin que malgré la somme d’injonctions diverses qui tordent la main aux équipes, attaquent la dimension universitaire et la liberté académique, certains points sont encore flous et entravent leur travail, comme le fait de ne pas avoir de texte définitif sur le fast-track. Pour terminer, nous insistons sur le fait que les étudiant.es qui s’engageront dans la LPE doivent avoir une solution de poursuite d’études en cas d’échec au concours (on sait déjà que cela ne va pas de soi dans un certain nombre d’universités, ou de manière très limitée compte tenu des capacités d’accueil annoncées pour les MEE).
